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Le développement organisationnel dans les associations
d'entreprises des pays du Tiers Monde
par Rainer Mueller-Glodde
Les associations d'entreprises présentent des caractéristiques spécifiques
- En tant qu'institutions au niveau méso, elles ont un rôle
d'interface entre les entreprises et la société. Par le lobby,
elles influencent l'environnement socioéconomique, juridique et
technique en faveur des activités entrepreneuriales, et au travers
des services, elles communiquent les demandes de la société et
aident les membres à donner un profil à leurs entreprises.
Le lobby est bien connu des associations du Tiers Monde. Il constitue
le point de départ de toutes les activités associatives. La plupart du
temps, les services sont inexistants - non pas par manque de bonne
volonté, mais parce que les services ne sont pas connus en tant que
fonction en soi.
- A l'instar des syndicats, des partis politiques ou des églises,
les associations sont des organisations qui représentent des
opinions subjectives. Elles se différencient dans leur manière de
former ces opinions et de prendre les décisions internes. Les
membres, les organes et les employés participent-ils ou le
président impose-t-il exclusivement son opinion personnelle?
Dans de nombreux pays du Tiers Monde, surtout dans les pays
autoritaires, les associations apparaissent comme des organisations du
pur type présidentiel. Des changements au niveau de la direction
entraînent des changements abrupts dans la politique, et la
discontinuité entraîne l'inefficacité.
- La motivation des membres bénévoles s'explique par un mélange
d'altruisme -vouloir volonté d'agir en faveur de l'économie et de
la société - et d'intérêts d'ordre politiques, économiques et
personnels. Les raisons motivant les politiques et les activités de
certaines associations sont parfois difficilement compréhensibles
depuis l'extérieur. C'est ce que l'on nomme "l'irresponsabilité collective".
Les associations des sociétés traditionnellement autoritaires et
strictement hiérarchisées doivent continuellement faire face au danger
sous-jacent de certains membres qui cherchent à exploiter l'association
pour satisfaire leurs intérêts personnels. Dans les sociétés
démocratiques, une telle tentative provoquerait une résistance de la
part des membres.
- Les entrepreneurs qui travaillent à titre bénévole dans des
associations ont tendance à appliquer le même style de direction
que dans leurs entreprises, sans se demander si ce style est bien
approprié. Le micro-entrepreneur qui domine son entreprise de
manière centraliste gérera, en tant que président, l'association
de la même manière. Cependant, comme dans une association la
qualité des décisions est moins importante que la participation
des organes et des membres à formuler des opinions et à prendre
des décisions, le style de direction du micro-entrepreneur risque
de se heurter à un certain nombre de difficultés.
- Au sein d'une association, le personnel bénévole et le personnel
d'encadrement travaillent en interaction. Lorsque les cadres sont
qualifiés, l'atmosphère peut être constructive et motivante. Le
risque de la "vision tunnel" sera moins présent que
pour une entreprise isolée. Afin de pouvoir assurer les services,
il est indispensable d'avoir du personnel qualifié.
Dans les associations du Tiers Monde, il est improbable de trouver
du personnel qualifié. Tout d'abord parce que les services ne sont
pas prévus, et ensuite parce qu'une personne qualifiée est
considérée comme étant le confident du président. Elle est
choisie pour d'autres raisons que ses compétences professionnelles
et elle se fait remplacer en cas de changement de présidence. Le
manque de personnel qualifié ainsi que des changements fréquents
à la tête de l'association entravent le développement du
savoir-faire organisationnel et de la mémoire institutionnelle.
- Généralement, les associations d'entrepreneurs sont des
organisations sûres d'elles-mêmes et fières de leurs
performances. Dans les pays du Tiers Monde également, elles ont
parfois une tradition qui date de près de 200 ans. En raison du
manque de comparaison, d'autres formes d'existences et de pratiques
organisationnelles sont inconnues. La pression pour changer
l'association reste donc minime.
Par conséquent, les associations du Tiers Monde apparaissent
souvent comme des clubs d'entrepreneurs plutôt que des entreprises
de services.
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Concernant la transformation des clubs d'entrepreneurs en
entreprises de services grâce au développement organisationnel,
les thèses suivantes sont à considérer:
- D'un point de vue statistique, les clubs d'entrepreneurs semblent
ne représenter aucun espoir pour la coopération internationale de
pouvoir intervenir. Cependant, une analyse dynamique permet de
rechercher des personnalités et de groupes de personnes qui, grâce
à leur ouverture d'esprit, se laisseront gagner par certaines
idées et visions de changement et qui s'engageront à les soutenir
et à les diffuser.
- Étant sûre d'elle-même, une association ne soumettra que
rarement son organisation entière au changement. En outre, il est
impossible de planifier la transformation du club d'entrepreneur en
organisation de services professionnelle puisque cette dernière est
inconnue, inimaginable et donc impensable. Une planification
initiale, réalisée conjointement par les cadres et les
bénévoles, n'aura de répercussions qu'à la périphérie de
l'association et se limitera essentiellement à des activités de
"réparation" (p.Ex. augmentation des cours proposés,
achat d'un ordinateur, mise en place d'une banque de données). Si
les efforts ne se concentrent que sur des activités de réparation
et que le cadre du modèle existant est maintenu, la portée ne
saura être viable. Il doit y avoir une place pour la vision du
changement de l'association dans son ensemble, réalisable grâce à
un processus ouvert et continuel de planification, réalisation et
évaluation créant peu à peu un nouveau modèle.
- Si les interventions se concentrent sur un seul groupe de
l'association (président/direction - cadres - membres) et que
l'association connaît de fortes fluctuations de personnel, il y
aura très probablement une perte de savoir-faire. Une portée
durable n'est réalisable que si un équilibre se met en place entre
les différents groupes: les cadres se considèrent comme offrant
des services aux membres et comme étant l'élément créatif de
l'association, les membres exigent une performance adéquate de la
part des cadres et de la direction, la direction est en permanence
en contact avec les membres et considère les cadres comme
constituant le capital humain de l'association dans lequel il faut
investir et qui est essentiel à la performance. Si l'un des groupes
manque à son devoir (président faible, mauvais personnel
d'encadrement, membres querelleurs), il reste la possibilité aux
deux autres groupes d'initier certaines activités qui permettront
à l'association de garder le niveau de sa performance.
- Le développement organisationnel visera dans ce cas
essentiellement à améliorer les structures de communication entre
les différents groupes, les discussions sur les objectifs et la
planification, la modération, la formation et l'assistance-conseil,
ainsi qu'à soutenir les acteurs durant ce processus. Bien qu'avec
ce processus, les caractères individuels ne puissent être
modifiés (le président centraliste restera centraliste), il sera
peut-être possible de changer peu à peu l'environnement
organisationnel de l'association, de sorte que les attentes des
autres acteurs deviennent incompatibles à ce style de présidence.
Il pourrait en résulter tout d'abord une meilleure définition des
besoins par rapport aux services offerts par l'association
(diffusion d'information, consultation, formation, appui) et une
offre adéquate. Ensuite, des propositions plus élaborées
vis-à-vis de la société publique et civile verront peut être le
jour afin de créer un environnement viable pour les entreprises
membres.
- Pour les associations, la comparaison avec d'autres associations
est un outil efficace de motivation. Elle peut se faire au travers
une mission à l'étranger, provoquant la réflexion sur la
situation actuelle et les objectifs des entrepreneurs de
l'association. Ou encore, plusieurs associations peuvent créer un
réseau visant à encourager la comparaison et un certain esprit de
concurrence entre leurs membres, les cadres et les directions. Une
autre possibilité consiste à réaliser une étude comparative qui
rend la comparaison des performances des différentes associations
plus objective.
- La portée est durable lorsque du personnel nouveau, bénévole
et d'encadrement, suit (ou se voit dans l'obligation de suivre) les
normes, règles et structures du nouveau modèle de l'association,
sans rechuter dans l'esprit du "club". Tout cela revient
à dire que les interventions de développement organisationnel dans
les associations nécessite autant une planification à long terme
qu'une activité intense.
chapitre précédent:
développement organisationnel - une
introduction à l'approche
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la réforme des associations du secteur privé
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